La course aux armements et la guerre des prix

Publié le par Jimoni

Suite à l'annonce récente de Vladimir Poutine de vouloir renforcer son arsenal nucléaire, et à la réponse de Trump sur Twitter de vouloir faire de même, la question de la course aux armements est au coeur de l'actualité. D'autant plus qu'il ne faut pas oublier que, de son côté, la Chine augmente considérablement d'année en année son arsenal militaire. En fait, dans presque tous les pays du monde, on observe une augmentation des budgets militaires. Ce phénomène est inverse depuis quelques années en Europe où on maintient un budget militaire relativement faible. On pourrait parler longuement de la course aux armements, mais ici on va s'intéresser à un sujet qui est constamment d'actualité mais qui est différent de la géopolitique ( ou pas selon les points de vue ) : c'est la guerre des prix qui s'exerce dans l'univers commercial. La guerre des prix est d'actualité puisqu'un type d'entreprise l'exerce presque systématiquement : la grande distribution. Que ce soit dans leur pub ou en leur sein, le produit pas cher est le principal argument.

Par ailleurs, la question de la ressemblance entre la stratégie militaire et la stratégie d'entreprise est souvent évoquée. En effet, dans le marketing, l'Art de la Guerre de Sun Tzu est une référence littéraire sérieuse. D'ailleurs, c'est le marketing qui l'a popularisé. Or, Sun Tzu et son oeuvre proviennent avant tout du domaine de la guerre, c'est-à-dire de la stratégie militaire. Donc, dans l'univers de l'entreprise, on n'hésite pas à se documenter sur l'art des généraux pour savoir gérer au mieux son entreprise. À l'inverse, des militaires ont fait une analogie entre la guerre et le commerce. C'est le cas de Clausewitz lorsqu'il répond dans un des chapitres de son livre "De la Guerre" à la question de savoir si la guerre est-il un art ou une science, ce à quoi il conclut que c'est un peu des deux, mais qu'avant tout c'est une activité humaine qui peut s'apparenter aux jeux de cartes et au commerce. Ainsi, nous voyons bien que dans le domaine militaire comme dans le domaine commercial, on se demande si la stratégie est une discipline qui couvre de nombreux domaines ou s'il n'existe pas finalement des domaines avec une définition du mot "stratégie" différente. En ce qui nous concerne, ce blog a été fondé sur la supposition que la stratégie est une discipline qui a un champ d'application large puisque nous considérons que dès lors qu'il faut employer des moyens pour imposer à un antagoniste l'accomplissement d'un objectif, on peut parler de stratégie. Cette supposition a l'air effectivement peu fondé, puisqu'il faudrait d'abord qu'il y ait un consensus global sur la définition de "stratégie". Pourtant, en observant des définitions tant militaires que commerciales, on remarque 3 caractéristiques communes de la stratégie : des moyens, un objectif, au moins un antagoniste.

Revenons à nos moutons. En fait, ici on va tenter de faire l'analogie entre la course aux armements, qui s'exerce dans le cadre de la géopolitique et qui correspond à une montée des dépenses militaires entre au moins deux Etats, et la guerre des prix, qui s'exerce dans le cadre de la concurrence commerciale et qui correspond à une baisse générale des prix. Et ce qui est intéressant à constater, c'est que les causes et les conséquences de ces deux phénomènes sont analogues.

 

LES CAUSES DE LA COURSE AUX ARMEMENTS ET DE LA GUERRE DES PRIX :

La course aux armements a pour origine la volonté d'au moins un Etat d'augmenter sa puissance militaire pour accomplir ses objectifs. Ses objectifs peuvent être divers : annexion de territoire, dissuasion, volonté de peser dans des négociations etc. Suite à cela, les Etats rivaux de cet Etat vont se sentir menacer puisque leur puissance militaire devient relativement plus faible. Donc, ils vont eux-mêmes accroître leurs moyens militaires pour concurrencer l'autre puissance.

Pour la guerre des prix, c'est à peu près le même principe. Une entreprise va vouloir augmenter sa part de marché, sa puissance de marché, pour augmenter à l'avenir son chiffre d'affaires en diminuant ses prix pour que la demande augmente. Or, en faisant cela, les autres entreprises sont amenées à diminuer eux-mêmes leurs prix pour ne pas perdre de part de marché et donc du profit. Ainsi, la baisse du prix des produits de l'un entraîne la baisse du prix de ceux des autres. De la même manière que l'augmentation des dépenses militaires d'un pays entraîne aussi l'augmentation des dépenses militaires des autres.

Dès lors, on remarque une analogie entre les causes de ces deux phénomènes. On remarque aussi qu'au final, le pays ou l'entreprise déclencheur de ce phénomène ne gagne a priori rien en faisant cela puisque sa puissance n'augmente pas relativement à la puissances des autres pays, des autres entreprises. Par ailleurs, cette cause n'est la seule. Mais nous ne pouvons déduire la seconde cause qu'en analysant les conséquences de ces phénomènes.

 

LES EFFETS DE LA COURSE AUX ARMEMENTS ET DE LA GUERRE DES PRIX :

La conséquence primaire de ces deux phénomènes est l'épuisement des ressources de tous les participants. Pour la course aux armements, les Etats dont l'économie est fragile vont, un moment donné, du mal à continuer la course puisqu'ils vont devoir prélever de plus en plus d'impôts ce qui va conduire au mécontentement de leur population mais surtout à un ralentissement de leur économie qui va souffrir d'une chute de la demande et donc d'une baisse de la production. En tout cas, en cas de crise économique cyclique, ils ne vont plus pouvoir maintenir leurs dépenses militaires à un haut niveau et seront forcés à se retrouver dans une position plus faible qu'auparavant ( cf : URSS ). Mais les Etats dont l'économie est solide verront au moins leur économie se fragiliser ( endettement, ralentissement de la croissance, etc. ). En bref, un épuisement global des ressources.

Pour la guerre des prix, les entreprises les plus fragiles ( crise interne diverse, endettement, ... ) risquent de ne pas tenir sur la durée. Les entreprises les plus solides vont certainement "gagner" cette compétition mais là aussi en se fragilisant.

Là encore, on remarque une analogie entre ces deux phénomènes. Ici, dans tous les cas, l'entreprise ou l'Etat le plus endurant gagnera cette compétition. En fait, si la première cause de ces phénomènes parait involontaire puisque cela va être une entreprise ou un Etat qui va prendre unilatéralement une décision qui va provoquer la réaction des autres, formant ces phénomènes ; on peut imaginer une seconde cause. La seconde cause serait une cause volontaire. L'idée serait qu'un Etat fort déclenche volontairement la course aux armements pour affaiblir voire achever son adversaire, comme la politique de Reagan dans les années 1980 visant à essouffler l'économie soviétique par une nouvelle course aux armements, politique coûteuse pour les Etats-Unis mais qui a au final disloqué son principal rival. Et cette politique, on pourrait l'imaginer dans le cadre de l'entreprise où une entreprise déclencherait une guerre des prix pour éliminer ses concurrents plus faibles économiquement.

Dans tous les cas, si la course aux armements et la guerre des prix ont de grandes similitudes, notre réflexion nous a permis aussi de comprendre que ces deux politiques sont coûteuses mais efficaces lorsqu'il s'agit "d'achever" un adversaire. En fait, le plus intelligent serait de déclencher une fausse course aux armements. C'est-à-dire en faisant croire qu'on augmente notre arsenal militaire pour épuiser l'adversaire sans s'épuiser nous-mêmes. Allier l'illusion à cette politique. En ce qui concerne la guerre des prix, nous n'avons pas de certitude sur les possibilités que nous avons pour faire croire à l'adversaire que nous nous épuisons aussi, comme les prix sont obligatoirement affichés. Néanmoins, nous pouvons imaginer qu'en cachant la vrai raison de la baisse de nos prix, par exemple en faisant croire qu'on a expressément baisser nos prix tandis qu'en vérité nous avons simplement améliorer notre productivité, les concurrents pourront s'engager dans une guerre des prix qui est perdue d'avance pour eux.

Sur ce, j'espère que l'article vous a permis de réfléchir sur toutes ces questions, à la prochaine !

 

[Edit. Cet article n'est qu'une démonstration. L'analogie démontrée dans cet article ne veut pas dire que l'auteur croit en l'analogie entre la stratégie militaire et la stratégie d'entreprise. L'analogie entre la guerre des prix et la course aux armements est ici démontré, mais les arguments contraires existent.]

Publié dans Réflexions

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