Leçon de la Bataille de Varaville (1057).

Publié le par Jimoni

Contexte :

En 1047, Guillaume de Normandie parvient à vaincre, avec le soutien du Roi des Francs Henri Ier, une coalition de barons bas-normands lors de la bataille de Val-ès-Dunes. Toutefois, la montée en puissance du Duc de Normandie inquiète le Roi. Ainsi, le Roi va soutenir en 1053 l'oncle du Duc, Guillaume d'Arques, dans sa rébellion contre son neveu. Mais Guillaume parvient à remporter le siège d'Arques en 1054. Cette même année, le Roi de France et le comte d'Anjou sont à la tête d'une coalition contre Guillaume de Normandie. Encore une fois, le Duc parvient à s'imposer lors de la bataille de Mortemer durant laquelle il anéantit l'armée royale. Suite à cette victoire, il étend son autorité sur le comté du Maine (l'équivalent à peu près du département de la Sarthe d'aujourd'hui).

Henri Ier ne s'avoue pas vaincu. En 1057, il est à la tête d'une petite armée nombreuse de quelques milliers de soldats (environ 4000). Il passe alors son armée par le pays d'Hièmes (autour de Falaise, au nord du département de l'Orne et au sud du Calvados), puis monte au nord-ouest jusqu'à la ville de Bayeux, redescend au sud près de Caen puis remonte vers le nord-est près de la ville de Varaville et du fleuve côtier de la Dives. Lors de son passage, l'armée royale dévaste et pille le Duché de Normandie.

https://mondes-normands.caen.fr/france/ensavoirplus/atlas/batailles/varaville.htm

Déroulement :

Guillaume est pressé par le temps, un peu surpris par cette soudaine offensive. Il est alors à Falaise. Il décide de réunir une petite armée de quelques centaines de cavaliers, et reçoit le soutien de paysans du coin. Arrivé près de Varaville, Guillaume décide de se camoufler dans le bois de Bavent. Il attend alors que l'armée royale avance dans l'étroite chaussée de Varaville, formant une colonne serrée, et traverse la Dives. Pendant que l'armée royale avance, Guillaume divise son armée en deux avec une cavalerie envoyée au sud pour traverser la Dives plus bas puis remonter au nord pour prendre l'armée royale de flanc, tandis que l'autre partie de son armée sera envoyée sur l'arrière-garde de l'armée royale.

Le plan est alors exécuté. L'arrière-garde de l'armée royale est pressée et mise en déroute rapidement par la cavalerie et les paysans normands. Le reste des troupes franques est alors bousculé par son arrière-garde. L'ensemble de l'armée en déroute se concentre vers le pont permettant de traverser la Dives, et seule ligne de retraite restante. Mais soudain, le pont s'effondre sous leur poids. Un certain nombre de soldats tombent alors dans l'eau qui, à l'occasion d'une marée très haute, en noya une grande partie. Les soldats restants du Roi sont alors tués ou faits prisonniers.

Pressé, et en infériorité numérique, Guillaume de Normandie parvint ainsi à infliger une défaite écrasante au Roi de France.

Leçon :

L'explication de cette victoire tient, à mon avis, au bon moment. Dans l'absolu, l'armée française était plus forte, au moins en nombre et peut-être en qualité, à l'armée normande. Mais, Guillaume attendit un moment de faiblesse. Ce moment était la traversée de la chaussée de Varaville et de la Dives qui forçait l'armée royale à avancer, en colonne serrée, dans un cadre géographique où les lignes de retraite manquaient. Ainsi, l'armée du Roi était faible puisqu'il ne pouvait pas profiter de sa supériorité numérique en étendant son ordre de bataille, et parce qu'il avait peu de libertés de manoeuvre. En frappant fort leur arrière-garde et par surprise, Guillaume provoqua la peur puis la déroute d'une partie de l'armée française, partie qui transmit son envie de fuir au reste de l'armée qui, de toute manière, n'avait pas ni l'espace ni le temps, c'est-à-dire pas la liberté, de se mettre en ordre de bataille pour affronter l'armée normande. L'effondrement du pont tient ensuite à la chance : peut-être que le massacre aurait été moins important, mais la défaite aurait été tout aussi écrasante puisque le moment décisif était la déroute de l'arrière-garde et parce que la traversée du pont demande un certain temps, temps suffisant pour les Normands pour entériner leur victoire.

En conclusion : cette bataille est un exemple qui permet de démontrer qu'une armée en situation d'infériorité numérique peut vaincre une armée plus forte en l'attaquant dans un moment de faiblesse. Peut-être montre-t-elle également que le facteur moral est décisif puisqu'ici, une armée normande déterminée (paysans en colère) et courageuse (cavaliers normands) a pu vaincre une armée supérieure en nombre. Sans cette détermination et ce courage, la bataille n'aurait peut-être simplement pas eu lieu.

 

Publié dans Leçon d'Histoire

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