À propos des analyses militaires de Game of Thrones.

Publié le par Jimoni

 

La dernière saison de Game of Thrones a été l'occasion, pour un certain nombre d'analystes en stratégie et en tactique, de proposer des réflexions stratégiques sur les batailles menées sur le continent de Westeros. À vrai dire, je ne vais pas ici vous livrer d'analyses, ce serait inutile : d'excellentes analyses ont déjà été données. J'en ai retweeté un certain nombre, mais je soulignerai que celle livrée par Michel Goya sur son blog (lavoiedelepee.fr) est particulièrement intéressante.

Ce qui m'intéresse plutôt est de constater l'enthousiasme qu'a suscité Game of Thrones, c'est-à-dire une série télévisée, dans le milieu de la communauté stratégique, mais également le fait que cette enthousiasme produit, au final, des analyses très formatrices, comme si qu'un bon épisode pouvait servir de réflexion à la pensée stratégique. Je ne pense pas que cela soit dénué de sens. Nous parlions dans un article précédent de rapport entre la philosophie et la stratégie. On sait que la philosophie ne se résume pas à des essais philosophiques, mais s'ouvre également à l'ensemble du champ littéraire, ainsi qu'à tous les arts en général. Un tableau par exemple peut exprimer une pensée plus profonde qu'une démonstration en une dizaine de pages, tout comme peut le faire une photo. Pourquoi ne serait-ce pas également le cas en stratégie ? Après tout, une série télévisée comme Vikings, un animé comme Code Geass, un film comme Lawrence d'Arabie, voire un tableau comme La bataille de Gaugamèles de Jan Brueghel l'Ancien, peuvent servir de base à une réflexion stratégique, ou même porter une réflexion spécifique.

En tout cas, les analyses faites sur la bataille de Winterfell montrent qu'une pensée stratégique peut se construire sur la base d'une oeuvre d'art. Peut-on sur cette base directement porter une réflexion stratégique ? Je pense que l'oeuvre n'est qu'un support de pensée. En effet, une pensée peut s'exprimer tout autant à travers un traité, un précis, qu'à travers un roman. Donc, pourquoi pas ?

Je terminerai par un rappel de l'éducation d'Alexandre le Grand. Dans l'article précédent, je disais qu'Aristote avait sûrement joué un rôle dans la formation de sa pensée stratégique. Mais il ne faut pas non plus oublier qu'Alexandre était un grand lecteur, comme de nombreux Grecs de son époque, de L'Illiade et de l'Odyssée d'Homère. Il semblerait aussi que le précepteur d'Hannibal Barca les ait faits à ce dernier. Ont-ils joué un rôle déterminant chez ses deux stratèges ? Alexandre se prenait pour Achille, du moins voulait l'égaler. Quant à Hannibal, il fut sûrement le plus rusé des tacticiens, un peu comme Ulysse...

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