Sun Tzu et la maîtrise de l'art de la guerre

"Soumettre l'ennemi par la force n'est pas le summum de l'art de la guerre, le summum de cet art est de soumettre l'ennemi sans verser une seule goutte de sang" - Sun Tzu.
Sun Tzu pensait que vaincre l'ennemi sans combat correspondait à la perfection de l'art de la guerre. Cette idée transcende son livre. Bien qu'il ne la répète pas, elle est toujours sous-entendue. Par exemple, lorsqu'il conseille de n'attaquer l'ennemi que lorsque la victoire est certaine : "Les troupes que vous ferez avancer contre l'ennemi doivent être comme des pierres que vous lanceriez contre des œufs.". Ou encore lorsqu'il souligne l'importance de se procurer des avantages stratégiques avant d'aller rencontrer l'adversaire sur le champ de bataille : "Anciennement ceux qui étaient expérimentés dans l'art des combats se rendaient invincibles, attendaient que l'ennemi soit vulnérable (...).". On voit ici qu'il parle d'une victoire sans combat. Par l'obtention, par la collecte d'avantages, la victoire est déjà certaine : le combat ne fait que la consacrer.
Par contre, il ne donne pas vraiment de méthodes pour parvenir à cet art. Sun Tzu offre à ses lecteurs une série de suggestions, mais il reste très relatif, très évasif. En fait, tout est affaire de circonstances. Et cela, il le dit dans sa célèbre métaphore de l'eau : "Il doit en être des troupes à peu près comme d'une eau courante.". Il indique que l'eau dévie les obstacles, remplit les creux ; de même une armée doit éviter la force, et saisir les opportunités. Il ajoute que : "l'eau, dans son cours, suit la situation du terrain dans lequel elle coule ; de même, votre armée doit s'adapter au terrain sur lequel elle se meut.". Pour Sun Tzu, il n'y a rien d'absolu, tout est relatif ; c'est pourquoi il ne faut pas rechercher de méthodes et qu'il faut s'adapter aux circonstances. D'où son important conseil : "Et quand j'ai remporté une bataille, je ne répète pas ma tactique, mais je réponds aux circonstances selon une variété de voies.".
En fait, ce qui ressort de ce livre, c'est une façon de combattre. Sun Tzu prévient dès le début que la guerre est une affaire grave et périlleuse :
"La guerre est d'une importance vitale pour l'État. C'est le domaine de la vie et de la mort : la conservation ou la perte de l'empire en dépendent ; il est impérieux de le bien régler. Ne pas faire de sérieuses réflexions sur ce qui le concerne, c'est faire preuve d'une coupable indifférence pour la conservation ou pour la perte de ce qu'on a de plus cher, et c'est ce qu'on ne doit pas trouver parmi nous."
C'est pourquoi le mieux est d'éviter la violence. De limiter la durée d'une guerre. D'éviter les maux qu'elle engendre. Seuls les généraux, ceux qui dirigent les armées, ont ce pouvoir de limitation. Et comme tout pouvoir implique une responsabilité, c'est à eux qu'il revient d'abréger les guerres et de les rendre moins douloureuses. C'est pourquoi, pour Sun Tzu, celui qui parvient à gagner les guerres sans combat maîtrise l'art de la guerre : dans le chaos, il maintient l'harmonie. Et Sun Tzu transmet cette philosophie à ses lecteurs, potentiels stratèges ; il leur dit : "Agissez selon les circonstances, prenez exemple sur l'eau. Mais gardez ceci en tête : sera talentueux celui qui vaincra sans combattre. Vous avez le pouvoir d'éviter les douleurs, mais c'est aussi votre devoir : respectez-le."
[ps : la citation ne vient pas de Sun Tzu, nous l'avons inventé à titre d'illustration.]