Qu'est-ce que la victoire ?

Publié le par Jimoni

 

À première vue, définir la victoire ne paraît pas compliquer. Nous pourrions dire qu'être vainqueur, c'est être reconnu comme tel par l'adversaire, ou c'est être le dernier en état de combattre. Ainsi, la victoire est la situation dans laquelle un combattant (ou belligérant) est reconnu comme "vainqueur" par son adversaire, ou lorsque son adversaire n'est plus en état de poursuivre le combat. La victoire peut donc être obtenue de deux façons : par la reconnaissance, ou par la "destruction" de l'ennemi. Comme exemple de destruction, on a la victoire de l'Allemagne sur la France en 1940. Les forces armées françaises ont largement été défaites et, même sans l'armistice du 22 juin 1940, la France était déjà vaincue. Comme exemple de reconnaissance de défaite, on a le Traité de Moscou de 1940 qui, malgré les nombreuses pertes soviétiques, reconnaît la victoire de l'Union Soviétique sur la Finlande.

Mais, la guerre est un outil. Rappelons la célèbre phrase de Clausewitz : la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. En effet, la guerre n'est pas un phénomène qui survient de nulle part. Elle a le plus souvent des causes politiques, que nous n'allons pas citer car ce n'est pas ce qui nous intéresse ici. En fait, la guerre est l'usage de la violence aux fins de la politique. Lorsque survient un problème politique avec un autre Etat, l'Etat peut décider, s'il en voit l'intérêt, d'utiliser la violence pour contraindre l'autre Etat de se soumettre à sa volonté. C'est le schéma le plus classique, car, bien sûr, la guerre peut aussi intervenir entre d'autres entités que l'Etat. L'important, c'est de bien comprendre que la guerre n'est jamais une fin en soi, même lorsqu'elle n'est faite que pour elle-même, parce qu'elle est avant tout un moyen d'accomplir un objectif, d'obtenir quelque chose.

Ainsi, la finalité de la guerre n'est pas la victoire en soi, mais l'accomplissement d'un objectif politique qui va à l'encontre de l'intérêt d'une autre entité politique. Bien sûr, la victoire militaire permet de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté, mais il arrive que la solution militaire ne permette pas d'accomplir l'objectif politique. La seconde moitié du XXe siècle a particulièrement illustré cette réalité. Les exemples de la Guerre d'Algérie, où la France rétablit l'ordre en Algérie mais concède finalement son indépendance, ou encore de la Guerre du Kippour, où l'Egypte récupère le Sinaï malgré sa défaite militaire face à Israël, montrent que la victoire militaire ne permet pas toujours d'atteindre l'état de paix voulue par le vainqueur. De là, on peut déduire deux types de victoire dans une guerre : la victoire militaire, et la victoire politique.

Mais, dans ce cas, parmi ces deux victoires, quelle est la vraie victoire ? Celle qui importe le plus ? Bien évidemment, vous vous en doutez, c'est la victoire politique. Rappelons que la guerre est un outil qui répond à un objectif politique. La finalité de la guerre est politique, pas militaire. Pour le FLN en Algérie, l'importance, ce n'était pas de gagner contre l'armée française, mais de "gagner" l'indépendance de l'Algérie. À la guerre, on peut donc définir la victoire comme l'accomplissement de l'objectif politique. Et, c'est cette victoire que le stratège doit rechercher. C'est pourquoi, curieusement, l'art du général (la stratégie), n'est pas seulement un art militaire mais aussi un art politique.

En résumé, la victoire militaire est un moyen d'accomplir l'objectif politique. Mais, la victoire politique ne dépend pas de la victoire militaire.

Publié dans Réflexions

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